Article paru dans Bilan, 21 février 2016
FABRICE STROBINO
Analyste chez Analyses & Développements Immobiliers
Genève est-elle condamnée à régresser ? Vous souvenez-vous de ce jeu où des marmottes teigneuses montraient le bout de leur nez dans une planche en bois, sans préavis. Il fallait vite taper dessus pour les faire rentrer dans leur terrier, car d’autres sortaient sans cesse. Celui qui en ratait trop perdait. A Genève, c’est pareil ! Chaque fois qu’un projet sort des cartons, il y a toujours un petit nombre pour taper dessus, et ainsi de suite, mais sans poser les vraies questions de fond.
Construire des logements aux Vernets sur le site de la caserne ? Et hop, certains clament qu’il ne faut pas dédommager l’armée pour qu’elle déménage. Le débat reste figé dans des propos d’arrière-garde.
Agrandir et moderniser le Musée d’Art et d’Histoire ? Vous n’y pensez pas ! Un petit groupe de bons penseurs s’y oppose sous divers prétextes qui tiennent plutôt de la discussion de bar. Ils proposent à la dernière minute un projet alternatif qui fera l’objet d’un autre référendum et de nombreux recours.
Et pour ne citer que ces deux projets... Toute le monde a en tête un projet où il y a un petit groupe qui s’érige en bons penseurs. Il ne faut rien faire à cet endroit, mais ailleurs, ce serait mieux.
La paralysie s’est vraiment installée à Genève.
Le vrai débat n’est jamais abordé. Quelle Genève souhaitons-nous pour demain, voire après-demain ? La situation économique change, et il se peut bien que nous perdions rapidement notre superbe au sein de l’Europe. Des emplois sont menacés. Nous n’arrêtons pas de le constater dans la presse. C’est en augmentant la qualité de l’offre muséale et en logeant de nouvelles personnes, mais pas seulement, que nous pouvons créer des emplois, réduire la dette et financer l’AVS ainsi que l’aide sociale à laquelle nous tenons tous. Car cette dernière, rappelons-le, provient directement de l’impôt.
Si le projet pour le MAH n’est pas parfait (je n’ai pas les connaissances pour le juger), discutons plutôt comment le rendre meilleur et construire aussi sous l’Observatoire comme les opposants viennent de le proposer. Créons un pôle muséal digne de ce nom qui générera tourisme (les hôteliers se plaignent de la baisse des nuitées) et emplois. Il fera rentrer Genève dans le XXIIème siècle, nos enfants le méritent bien.
Cessons d’ergoter sur un déplacement de l’armée et asseyons-nous autour de la table pour voir comment vraiment développer, en synergie avec l’université, ce nouveau centre (passerelle piéton, laboratoires de recherches…).
Ou établissons une fois pour toute que Genève doit rester figée dans son image du XIXème siècle.
BIO
Diplômé de l'Institut d'études immobilières (IEI), Fabrice Strobino est architecte universitaire et chef de projets immobiliers chez Analyses & Développements Immobiliers depuis 2003.
Il a en outre suivi le cursus de l'AZEK pour les gérants de fortune.
Fort d'une expérience de plus de 4000 expertises pour de grandes banques, il est membre de l'Association des promoteurs et constructeurs genevois (APGC) et membre de la Chambre suisse des experts immobiliers (CEI).
http://www.bilan.ch/fabrice-strobino/limmobilier-ausculte/a-geneve-cest-jeu-mikado